Contenu dupliqué – Copier n’est pas jouer-2/ Vu ? pris !

Contenu dupliqué - Weback to the roots

Pour contrer notamment le contenu dupliqué, Google encourage les sites web à produire du contenu qualitatif. Objectif : offrir une bonne expérience à l’internaute. Seulement voilà, certains ‘’rédacteurs’’ en mal d’imagination et faisant de l’œil à Google font davantage que s’inspirer des écrits des autres : ils les copient.

Dupliquer un contenu peut être plus ou moins risqué. Cela reste du piratage, du plagiat, de la contrefaçon, du vol, quoi…. Alors : vu ? Alors : pris !

En effet, à la lecture d’un précédent article «La course au contenu », nous avons vu que copier n’était pas jouer. Même si certains copieurs pensent qu’ils ne seront pas démasqués, noyés dans la toile, le contenu dupliqué est pénalisable. C’est le minimum. Mais, cette affaire lèse également l’auteur originel et les internautes. Les sanctions sont diverses.

Contenu dupliqué : rendons à César…

Par principe, la reproduction d’un contenu (texte, vidéo, infographie, etc.) sans accord de l’auteur est interdite. Par principe, également, même si la source est citée, la copie, n’est pas un droit.

Que dit la loi ?

Le Code de la propriété intellectuelle (article L.122-4) protège explicitement les œuvres de l’esprit.
«Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite. Il en est de même pour la traduction, l’adaptation ou la transformation, l’arrangement ou la reproduction par un art ou un procédé quelconque».

La règle fondamentale est l’obtention du consentement de l’auteur préalable à la reproduction (texte, image, son, etc.). A défaut, la faute avérée conduit à condamner le copieur pour «atteinte aux droits patrimoniaux» et/ou «atteinte au droit moral».

Toutefois, pour éviter le pire, il est possible de reproduire un court extrait d’une œuvre sans autorisation de son auteur en respectant certaines conditions : c’est le droit de citation. Il faut alors indiquer clairement le nom de l’auteur ainsi que la source et justifier un objectif d’illustration du propos. La reprise doit être limitée à un court extrait de l’«œuvre». Cette dernière doit avoir été «divulguée» : c’est-à-dire rendue publique par son rédacteur.

Si un rédacteur web recopie le contenu d’un autre et ne se place pas dans le cas de la citation : il encourt d’être poursuivi pour plagiatSelon le Larousse en ligne, il s’agit de l’« acte de quelqu’un qui, dans le domaine artistique ou littéraire, donne pour sien ce qu’il a pris à l’œuvre d’un autre».

S’approprier le travail créatif d’un autre et le présenter comme sien équivaut à s’en attribuer la paternité. Le plagiat ne se limite pas à la reproduction intégrale d’une œuvre. Il est également reconnu comme tel lors de l’intégration de sources externes (résultats de sondage, graphiques, infographie, etc) sans en citer la provenance, ou encore, lors de l’intégration de texte quelque peu modifié.
En ne disant pas la vérité, le plagiaire ment par omission.
Plagier est donc une des atteintes au droit d’auteur. C’est un acte fautif, considéré comme une infraction. Et qui dit infraction, dit sanction(s).

« Quand j’emprunte une idée à un autre, j’oublie souvent de la lui rendre. »

Georges Wolinsky

♦ Or, le plagiat n’a pas de valeur juridique et n’est pas utilisé en droit français. Apparenté à la contrefaçon, notion plus large, il est le terme légal exact en la matière.

Le plagiat est défini par le Code de la propriété intellectuelle : « toute reproduction, représentation ou diffusion, par quelque moyen que ce soit, d’une œuvre de l’esprit en violation des droits de l’auteur, tels qu’ils sont définis et réglementés par la loi ».

Le droit de citation vu plus haut est une limite au délit de contrefaçon. 
A l’international, nombreux sont les systèmes juridiques qui sanctionnent ce délit. Ce qui signifie que rien ne sert de se cacher derrière une traduction. Copier un contenu en langue étrangère fait courir le risque d’être poursuivi par la justice du pays d’origine. En France, le délit de contrefaçon est puni de 300 000 euros d’amende et de 3 ans de prison. Cela vaut-il la peine d’être hors la loi ?

Le mieux est de rendre à César ce qui lui appartient.

  • Pour qu’il n’y ait pas plagiat : il suffit, d’une part, de distinguer ses propres idées de celles de l’auteur dont on s’inspire. D’autre part, citer nommément et systématiquement le père de l’œuvre qu’on copie ou diffuse, en ligne ou hors ligne.
  • Pour qu’il n’y ait pas contrefaçon : l’auteur doit avoir donné son accord d’exploitation de son œuvre.
    – Soit, l’accord est donné au préalable sous forme de licence creative commons (licence CC). Inutile de lui demander expressément son autorisation. Il suffit de suivre le cadre de licence choisi par cet auteur parmi les 6 existants.
    – Soit, l’auteur conclu spécifiquement un partenariat pour la reprise de ses articles, par exemple.
    – Soit, l’auteur explique dans les CGU ou mentions légales de son site/blog comment entrer en contact avec lui pour obtenir son accord. On se conforme alors aux dispositions prévues.
    – Soit, on ne demande pas l’accord de ré-exploitation. Tout en respectant les conditions, il faut donc pratiquer l’exception au monopole d’exploitation : la «courte citation».
    – Enfin, à défaut de l’une de ces solutions : on s’abstient de reproduire le texte, ou quelque contenu que ce soit. On fait ainsi preuve d’originalité en produisant soit même un nouveau contenu.

Le comble du contenu dupliqué : le risque de perte de visibilité pour l’original.

Le contenu dupliqué sans accord peut nuire au référencement de l’article original. En effet, ne sachant pas déterminer lequel des contenus est la source, les robots d’indexation des moteurs de recherche ont des difficultés à sélectionner la bonne information en réponse à une requête. Ils choisiront les contenus estimés les plus pertinents et n’afficheront pas tous les contenus dupliqués. Cette situation pose un double écueil :

  • elle mène à un manque de qualité en général des résultats de recherche,
  • elle conduit à une insuffisance de trafic pour les sites produisant des contenus originaux.

Pour les moteurs de recherche, un contenu dupliqué prive de pertinence les résultats présentés. Il occasionne également une perte de temps et de ressources. Leur objectif est de n’afficher qu’une seule fois un contenu. Donc, ils filtrent les contenus identiques qu’ils auront indexés.
Le problème est qu’ils peuvent indexer aussi bien le contenu d’origine … que sa copie …

Les filtres se basent principalement sur des critères tels que : dates des première indexation et publication, autorité du site, popularité de la page, présence et nombre de liens pointant vers la source. Le site présentant les meilleurs critères a plus de chances d’être considéré comme à l’origine du contenu. On en déduit qu’au moment de la publication de l’original, les précautions sont à prendre pour confirmer la primeur du texte sur la toile.

A priori, « le contenu en double n’entraîne pas de conséquences négatives particulières pour votre site sauf si l’objectif semble être de tromper et de manipuler les résultats des moteurs de recherche », selon Google.
L’intention malveillante peut produire des conséquences sur la page, voire le site, de contenu dupliqué. Selon le moteur et selon plusieurs facteurs, ce peut être : diminution de crawl, déclassement, placement dans l’index secondaire. Le pire : être désindexé, c’est-à-dire que les pages de résultats de recherche suppriment le site.
L’algorithme Google Panda pénalise, d’une part, le référencement des pages de mauvaise qualité (présentant un risque de plagiat). D’autre part, il favorise la position des pages au contenu pertinent et original dans les résultats des moteurs de recherche.
Ouf, la sanction technique peut jouer en la faveur du contenu source !

Non négligeable : le contenu dupliqué peut servir les intérêts financiers d’un autre site que le sien. L’équation est simple : un article inédit est repris par un autre site/blog diffusant des publicités (Google Adsense par exemple). Il est évident que s’il présente du contenu, il optimise son référencement et les annonces publicitaires insérées gagnent en visibilité. Par conséquent, le site augmente son potentiel de clics …

Contenu dupliqué : tout le monde y perd finalement.

Enfin, le dernier inconvénient : un contenu dupliqué nuit à plus d’une partie prenante.

♦ L’internaute ne cherche pas spécifiquement une entreprise sur la toile, mais une information qui lui (r)apporte.
Lorsqu’il consulte les résultats de recherche proposés par les moteurs, il ne va pas (toujours) faire la différence entre les auteurs. Il va juste constater qu’ils sont plusieurs à proposer des contenus identiques et finalement se lasser d’ouvrir des pages similaires.
En effet, après quatre secondes, 25% des utilisateurs quittent une page : ils n’y trouvent pas leur intérêt ou ont déjà lu le même contenu. Selon une étude du National Center for Biotechnology Information : le temps d’attention moyen d’un visiteur qui navigue sur internet, est d’environ 8 secondes.

Alors, vu ? et malheureusement, pris ! Car l’internaute, lui, ne perdra pas son temps à créditer l’un ou l’autre site de la paternité d’un contenu. Il perdra juste confiance, voire sera agacé de ne pas arriver sur une page originale. Il se pourrait même qu’il modifie sa requête par de nouveaux mots clés. Ces derniers pourraient ne plus correspondre à ceux que l’auteur, le vrai, aura pris la peine d’étudier et de choisir pour optimiser le référencement de son contenu.

C’est l’effet double peine pour le rédacteur d’origine :

  • son travail est dupliqué et sert les intérêts d’un bloggeur, « content manager » ou autre, peu scrupuleux.
  • et, il perd en crédibilité auprès de ses visiteurs.

♦ De même pour un moteur de recherche : il gagne en valeur en donnant à l’internaute des résultats correspondant à ses requêtes. Le site, lui, enrichit à son tour la crédibilité du moteur en proposant au visiteur ce qu’il attend. Enfin, ce dernier fait confiance au moteur pour lui trouver les informations les plus pertinentes. La clé de cet ensemble est la qualité de contenu. Cette qualité passe nécessairement par l’originalité du contenu. Qu’en est-il dans le cas inverse ?

Par ailleurs, un internaute satisfait est une manne pour un moteur et pour les annonceurs. Or, il peut tout à fait quitter une page parce qu’il en aura déjà lu le contenu sur une autre page, ne reviendra pas, voire n’achètera pas, et ne fera plus confiance. Il considérera ce contenu non pertinent et l’annonceur perdra une occasion de le convertir en client.
Sanction notoriété, sanction sympathie, sanction commerciale.

Résultat : mieux vaut être proactif et mener une veille. Ce que nous verrons dans le troisième article de ce dossier (« Les solutions » aux doublons) : prévenir les risques de duplication de contenu et réagir en cas de copie afin d’être vu, lu et faire la différence.

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